L’attention politique portée à travers l’Europe depuis les années 1990 sur les violences faites aux femmes a contribué fortement au volume d’études sur le sujet ainsi qu’à la structuration du champ. Toutefois, en raison de différences en termes d’importance accordée à ces violences et de ressources attribuées, les réponses institutionnelles varient d’un contexte national à l’autre, ce qui se répercute sur les pratiques de recherche et d’action sociale.

En dépit de nombreux travaux sur les violences de genre ces dernières années, les connaissances sur l’expérience de violences subies par les femmes immigrées ou minorisées demeurent fragmentées et lacunaires. L’ambition de ce recueil de travaux a été de contribuer à combler ces manques et de rassembler des écrits académiques et disciplinaires souvent contrastés mais porteurs d’un objet commun. Le recueil a été publié d’abord en anglais, en 2011, et s’appuyait sur des travaux empiriques originaux, conduits dans les années 2000. Cette traduction en français, augmentée d’un avant-propos, de textes introductifs aux différentes parties et d’une postface de Maryse Jaspard, aborde les manières dont des formes de domination articulées peuvent fragiliser certaines catégories de femmes face à des actes ou situations de violences, de même qu’à instaurer le silence qui entoure ces violences « ordinaires » au quotidien. À la fois pluridisciplinaire et internationale, reflétant aussi la diversité de contextes historiques européens en termes d’immigration et de colonisation, ce livre souligne l’intérêt d’une approche intersectionnelle quant à l’analyse des violences de genre.