Le nouveau recueil d’Horia Badescu, poète roumain et francophone? nous propose le même message humain et lucide qui traverse tout son oeuvre. Devant les terribles expériences que nous rencontrons aujourd’hui, Celui qui reste debout nous offre une leçon de dignité humaine. Ses poèmes appellent toujours à la résistance de l’être devant les épreuves que l’existence nous impose. S’insurger contre la souffrance et la solitude, lutter contre la terreur et la mort est la leçon que le poète nous invite à apprendre : « Vivre jusqu’à l’instant qui te dit : / “il faut vivre ! ”, / l’absolu de l’aventure ! »
Vivre et aimer ! Restez debout devant la vie et la mort c’est l’essence de la condition humaine, rappelle-t-il à ses semblables et frères (« Ma peau est blanche, et alors ? / Le sang est toujours rouge / dans n’importe quelles veines il coule. »), avec l’art et la force qu’on lui connaît depuis longue date : « gémissant, en silence, on vit pour mourir sur la terre./ Notre orgueil rester jusqu’à la fin debout ! » Belle leçon de dignité.
Comme l’écrivait Max Alhau : « La poésie d’Horia Badescu demeure celle d’un homme attentif aux autres, dont le verbe dit avec justesse et lucidité le destin auquel chacun est voué mais qui demeure éclairé par une lumière inaltérable, triomphant des forces obscures, celle-là à laquelle il se réfère dans son cheminement poétique et existentiel. »
Été indien
Où va-t-il maintenant
Vide
Un jour qui commence
Lumière sombre d’hiver
Ainsi sont-elles venues les neiges
Des automnes, des hivers ont passé
Apaisée maintenant la lumière
L’instant
Voilà l’automne, dis-tu !
La musique
Incertain le matin de cette fin
Elle est venue et a passé
Ne fais pas confiance aux traces
Nous nous faisons comme les oiseaux des nids
Elle appuie la corbeille
Bouche de canon
Je te chante par chaque battement du cœur
Aime-moi avec la mort dans tes yeux
Ainsi
Qu’on sorte en pleine lumière
Vivre jusqu’à lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Celui qui reste debout
Dépasser les limites
Me voilà devant vous
De gauche à droite
Ne demande jamais
Ballade de ceux qui aiment la guerre
Tu n’as plus où te cacher
Maintenant quelqu’un est tué sur la terre
Nature vivante et nature morte
On se meurt sous ce ciel vide
Tu ris à haute voix
Une lettre de Socrate
Quelqu’un vient te demander
La défense de Socrate
Depuis toute une vie tu attends
Tu t’es arrêté
Tu tends la main