L'européanisation des systèmes d'enseignement supérieur – synonyme de standardisation et de mise en compétition libérale – commencée au début des années 2000 a également concerné les pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie). Dans ce cadre, l'injonction de professionnalisation et l'élargissement des missions de l'enseignement supérieur à l'employabilité et l'insertion des étudiants sont au coeur d'un processus de transformations visant un rapprochement éducation-économie.
Orienté à l'origine vers "la modernisation de l'enseignement supérieur", ce processus a pris une dimension politique et sociale singulière après les "Printemps arabes" qui ont commencé fin 2010 au Maghreb. Or, bien avant ces révoltes juvéniles, qui s'expliquent entre autres par un découplage formation supérieure-emploi public, les trois pays du Maghreb étaient déjà confrontés à la question de l'emploi des jeunes, en particulier des jeunes diplômés. C'est ainsi que les objectifs de professionnalisation des offres de formation et d'amélioration de l'employabilité et de l'insertion des diplômés sont devenus un défi majeur pour les systèmes d'enseignement supérieur maghrébins en général et algérien en particulier.
Appuyé sur des données issues d'enquêtes de terrain, cet ouvrage interroge plus particulièrement le processus de réformes de l'enseignement supérieur au regard de ce défi. Ce terrain est particulièrement heuristique car, comparativement à ses voisins maghrébins, l'Algérie a conduit plusieurs réformes et expérimenté la professionnalisation des formations supérieures avec un objectif adéquationniste université-entreprise. Mais avec quels résultats pour les diplômés et quels impacts pour le système d'enseignement supérieur dans son ensemble? Pour y répondre, l'auteur propose une mise en perspective de ces réformes, en les situant dans leurs contextes politique, socio-économique et historique.
Remerciement
Dédicace
Sigles et abréviations
Introduction
I. La réforme universitaire en Algérie : éléments historiques et contextuels
Des écoles « coloniales » à l’Université « nationale »
De l’université de masse à l’université entrepreneuriale
L’enseignement supérieur au défi de la professionnalisation, de l’employabilité et de l’insertion au Maghreb et en Algérie aujourd’hui
L’Université fantomatique
II. De la professionnalisation des formations à de nouvelles missions élargies à l’insertion
La « multiversité » pour répondre aux demandes de l’État et de « l’économie du savoir » aux États-Unis
Nouveau contexte économique et nouvelle massification
Une professionnalisation toujours dépendante de son contexte
Un « mouvement de professionnalisation » pour améliorer l’employabilité et l’insertion professionnelle des diplômés
Des missions universitaires élargies et une multiplicité de modèles pédagogiques
Quelle(s) professionnalisation(s) pour quel accompagnement dans des contextes différents ? Le cas de l’Algérie
III. La refonte de l’enseignement supérieur (1971-1984) : une professionnalisation par le haut
Une professionnalisation pour un projet de développement et d’industrialisation
La Refonte de l’Enseignement Supérieur : le tournant quantitatif
Une refonte remise en cause
Le retour aux facultés et la mise en place d’une « carte universitaire »
Un projet mort-né : l’autonomie des universités
IV. Construction d’un nouveau domaine d’action publique
Une logique de placement et d’insertion sociale
Des mesures d’accompagnement des effets du programme d’Ajustement Structurel (PAS)
Une nouvelle politique avec un financement public massif
Une difficile insertion des jeunes et des contestations récurrentes
Six parcours d’études et d’insertion socioprofessionnelle
V. La réforme lmd : aller vers « l’universel » en professionnalisant par le local ?
L’enseignement supérieur algérien dans l’espace maghrébin
Une extension du réseau universitaire dans un système d’enseignement supérieur algérien dual
Contexte politique, économique et social d’introduction de la réforme
Diagnostic, objectifs et stratégie de mise en application de la réforme
VI. Une cohabitation de deux systèmes pédagogiques
Perceptions différenciées selon les acteurs
Système lmd versus système classique
La fin du doctorat d’État et le problème d’équivalence pour les diplômes LMD
Une offre de formation pléthorique mais une mobilité inexistante
Une faible attraction des étudiants étrangers et des problèmes linguistiques
VII. Misère de l’adéquationnisme en Algérie
Université et entreprise : deux univers ayant des logiques spécifiques
Une relation université-entreprise limitée et théorique
Un entrepreneuriat très timide et de portée très limitée
La relation personnelle ou familiale au secours de l’employabilité
Une offre de formation de type académique
Des difficultés rencontrées par les étudiants pour trouver des stages
VIII. L’étudiant au centre de la réforme et de la pédagogie ?
Quelle place pour l’étudiant ?
Un problème de pédagogie et de tutorat
Continuité ou rupture pédagogique du lycée à l’Université ? Le cas de l’APC
Des relations enseignants-étudiants inchangées
Des étudiants démotivés et des enseignants en quête de renouvellement pédagogique
Des enseignants non formés à la pédagogie : le cas du tutorat
Une utilisation des TICE plus courante en ST qu’en SHS
IX. Un problème de vision et de qualité à l’Université ?
Un « problème de vision »
Un manque d’implication des enseignants de rang magistral
Une démarche « AQI » comme révélateur des dysfonctionnements
Quatre expériences de mise en œuvre de la démarche AQI
Conclusion générale
Bibliographie