Critique de formation française, Leyla Perrone-Moisés a vécu en France dans les années 1970, celle des mutations de la théorie littéraire, de la linguistique structurale et de la psychanalyse lacanienne. Cette inflexion l’a conduite à privilégier chez Pessoa la question du sujet. Sa lecture des hétéronymes ne se fonde plus sur l’inventivité du poète mais sur l’expérience profonde et douloureuse du manque d’un moi essentiel. En fait, pendant toute sa vie et dans la plupart de ses textes, Pessoa a exprimé la sensation de n’être personne.
« En se divisant en plusieurs moi, il a exhibé la faille sur laquelle nous établissons notre être, comme être de langage. En laissant ces différents moi comme des éléments autonomes d’un ensemble ouvert, comme des parties d’un tout qu’on ne peut pas appréhender, il signala la fragmentation ontologique du sujet moderne ».
La plupart des textes réunis ici ont été écrit en français : articles dans des revues, catalogues d’exposition, communications dans divers colloques consacrés au poète en France ou à l’étranger.
Eduardo Lourenço, dans sa Préface, souligne l’originalité de cette lecture du poète, « comme le non-existant et super existant Pessoa, que Leyla, telle une Pythie moderne, décrit et interpelle en tant que labyrinthique recherche d’un soi-même “en deçà du Moi et au-delà de l’Autre”, recherche qui ne sera jamais la solution pour son intrinsèque non-identité, mais oscillation réitérée et voyage qui poétiquement et mythiquement configurent le parfait absent de soi-même et du monde ».
PRÉFACE
Pessoa comme Pure virtualité
Eduardo LOURENÇO
INTRODUCTION
SIGLES
1. L’œuvre de Fernando Pessoa
2. Pessoa personne ?
3. Notes pour une lecture lacanienne du « vácuo-pessoa »
4. Le génie disqualifié
5. Un futuriste nostalgique
6. Les amours païennes
7. L’auteur entre le bureau et la physiologie
8. Le Juif-Grec
9. Du voyage héroïque au voyage jamais fait
10. Pessoa et la maladie de l’Occident
11. Caeiro Zen
12. Pessoa et la psychanalyse : « translation » et « sublimation »
SOURCES DES TEXTES
POSTFACE
L’amitié des résonances
Patrick QUILLIER