Depuis 1964, chaque année, une nouvelle « mission » composée de trente personnes tout au plus est dépêchée pour un an sur l’île inhabitée de la Possession, située au sud de l’océan Indien, dans les Terres australes et antarctiques françaises, afin d’y affirmer la souveraineté nationale et d’y conduire des activités scientifiques.
Une île déserte ne l’est plus dès que l’on pose le pied dessus. L’humanité s’y reconstitue dans une absence et un excès à la fois, hors de « la société » mais plus qu’ailleurs en société. Le « bout du monde » est une limite et un extrait, un concentré dans un décor approprié, extrême et virginal. Dans ce laboratoire in vivo, un phénomène qui y demeure exceptionnel s’y montre le cas échéant avec une clarté qui l’est autant : le processus du bouc émissaire, dont la menace a inspiré le folklore local.
Préface
ÉRIC FOUGÈRE
Introduction, Ethnologie d’une île déserte
Des émissaires dans un désert
« Saint-Pierre » et les clés du paradis
Une longue traversée
I. Esprit de mission, es-tu là ?
Les fondations d’un monde
L’épreuve commune
II. Différence adorée, différence abhorrée
Trouver sa place
Les catégories accusées
III. La force centripète
Esprit de mission et spiritueux
L’œil de la communauté
Réduits au silence
IV. Sur des épaules de pierres
Le petit et le grand
Les « héros polaires »
V. Au milieu, isolé et confiné « C’était un âne bâté, donc »
L’évacuation sanitaire
Prédispositions
VI. L’ordure et le corps étranger
Fraîcheur citron
La sainte et la putain
VII. La fabrique du cocasse
Un village métaphorique
Un filon pour l’humour
Le bouc émissaire pour rire
VIII. La nef des « Possédés »
Une vraie crise pour de faux
La société contre les TAAF
La fin des mauvais jours ?
IX. Terres extrêmes
Seul contre tous
La « culture d’adaptation »
En guise de Conclusion, On ira tous au paradis
Les videurs de l’Éden
Des bandits chez les manchots ?
Ouvrages et articles cités