Dans la solitude des champs de coton, la pièce majeure de Bernard-Marie Koltès, met en scène la venue de deux hommes, le Dealer et le Client. Dans l’espace de leur rencontre, entre hostilité et rapprochement, se joue le commerce du temps, un commerce qui, peu à peu, rappelle au spectateur que les hommes entre eux sont liés par une obligation réciproque, qu’ils sont tenus par la dette. Dans la solitude des champs de coton donne à voir cet événement de l’endettement mutuel qui porte en lui aussi bien les promesses de l’entente que celles de la tragédie. En inscrivant l’œuvre dramatique de Koltès dans la perspective d’une généalogie de la dette au théâtre, notamment au travers des pensées de Paul Ricœur et d’Emmanuel Levinas, cet essai tente de préciser les voies singulières que Dans la solitude des champs de coton emprunte pour faire retentir cet immémoré mémorable de la dette. Car en effet, chaque fois que le texte est porté sur une scène à la parole, celle-ci ravive la mémoire assoupie de la dette ; comme s’il revenait aux ombres du théâtre d’exposer cette ombre de la dette qui lie et délie les hommes de leur solitude.
Introduction
Prolégomènes – Des ombres et de leurs déplacements
• Ruses de l’auteur et illusions du théâtre
• Le concret et l’abstrait
• Le langage de la parole
• La question de l’adresse
I. Figures de l’autre et retentissements de la dette
• La proie des dieux, l’ombre de la cité ; endettement du héros tragique
• Portrait du Roi en Atlas souffrant
• L’homme réduit à l’homme, endettement contemporain et destin politique
II. À cette heure et en ce lieu, le corps avant la parole
• Fatalité du corps jeté
• Immédiateté de l’endettement – sous le regard de l’autre
III. Rencontre de l’un et de l’autre
• Approche de l’autre en désirant
• La séduction par la parole
• La promesse de la parole
IV. Seul à soi – l’étranger
• La fraternité refusée
• L’amour impossible
V – La violence possible
• Au seuil de la parole-cheval
• Retour à la barbarie : l’affrontement – l’ensauvagement
• Retour à la solitude : la retraite – l’apolitisme
• Retour au néant : mort de l’autre et mort de soi
VI. L’autre pays
• L’habit des mots, l’homme parole
• L’autre réel : rhétorique de la comparaison et fraternité de la métaphore
• L’espace de l’œuvre
• Le temps de l’œuvre
• Retour au pro-logos : l’œuvre zahir, l’aleph, le kairos et le bongo
Oh ombres vaines, sauf en leur apparence !
Remerciements
Bibliographie