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Dakar La dernière exécution, n'est pas un simple roman, ni même un récit. C'est une histoire qui a sa musique propre. Elle commence avec un homme qui traverse le monde...
L'homme, c'est Ergé Dupons, Français, inspecteur de police détaché au Commissariat central de Dakar pour y effectuer une mission spéciale, débusquer les conspirateurs d'un attentat. Ergé Dupons vivra un remarquable périple à travers un Sénégal toujours en devenir, où les idées modernes se confrontent aux traditions ancestrales.
Dakar, the last execution
Dakar, the last execution is not just a novel or a mere story, but a tale with a music of its own.
The story begins with a man crossing the world…
The man is French police inspector Ergé Dupons, sent to Dakar central police headquarters on special duty: to flush out the conspirators of a terrorist attack.
Ergé Dupons will experience a memorable journey across ever-changing Senegal, where modern ideas collide with ancient traditions.
Nicole Virtue is an author and painter from Quebec.
She lived in several African countries for many years. There, she worked as a volunteer before becoming a company manager.
She was able to examine extremely varied patterns of daily life, beyond the stereotypes that picture Africa as a wide homogenous group of countries.
DÉBUT DU CHAPITRE I
As-salām aláykum[1] !
Un beau jour
On décide de refaire sa vie
De partir quelque part pour partir, non pour fuir…
L’avion atterrit. Les pneus sur le tarmac provoquent instantanément une onde de choc qui sort brusquement Ergé Dupons de ses réflexions et de ses états d’âme.
L’Afrique est maintenant sous ses pieds !
La voix claire de l’hôtesse jaillit du micro et invite les passagers à quitter leur siège :
– Veuillez détacher vos ceintures […], Air France vous souhaite un bon séjour au Sénégal.
Ergé Dupons rassemble prestement ses effets, puis progresse dans l’allée étroite de cet avion qui l’a transporté de Paris à Dakar.
Le soleil lumineux et brûlant enserre sa tête dès la sortie de l’appareil et arrache à son corps une transpiration instantanée. L’alizé, de son souffle doux, transportant en lui seul mille bouquets de fleurs, effluves d’eau de mer, essences de bois tropicaux, parfums de la riche terre du pays, le rafraîchit et le grise. Marchant dans la file avec les autres passagers pour décliner son identité au douanier il pense, joyeux et ravi :
« Le temps pourrait s’arrêter ici. Chaque fois que j’arrive, un sentiment de sérénité m’envahit. J’ai soudainement la certitude de faire partie de l’humanité… Comme j’aime ce pays ! »
L’attente est longue…
« Avec tous ces événements terroristes, les délais pour de simples formalités douanières prennent trois fois plus de temps qu’auparavant. Bon ! Enfin c’est à moi. »
Au guichet, l’agent, visage fermé, lui demande :
– Votre passeport Monsieur !
Ergé Dupons tend ses papiers à l’agent :
– Tenez.
Le douanier scrute le document, le feuillette en silence puis, sans lever les yeux, demande sur un ton monocorde :
– Vous êtes inspecteur de police, Monsieur Dupons ?
– Oui. Je suis bien l’Inspecteur Ergé Dupons, de nationalité française.
– Vous êtes invité par le ministère de l’Intérieur du Sénégal, n’est-ce-pas ?
– C’est bien ça. Puis-je reprendre mon passeport, Monsieur l’agent ?
Tout en lui remettant le passeport, le douanier le regarde dans les yeux et l’invite à le suivre :
– S’il vous plaît, accompagnez-moi Monsieur l’Inspecteur, le Directeur de la sécurité de l’aéroport de Yoff, Monsieur Léopold Diagne, vous attend.
Dupons suit le douanier qui le présente à un agent de police. Ce dernier, salut l'étranger, prend le relais pour le guider directement dans les quartiers administratifs de l’aéroport.
Le Directeur Léopold Diagne lui souhaite la bienvenue et lui offre les salutations d’usage :
– Vous avez fait un bon voyage Monsieur Dupons ?
– Excellent, merci Monsieur le Directeur.
– Le Ministre m’a annoncé votre arrivée et souhaite que nous vous accompagnions à votre hôtel.
– C’est très aimable de votre part. Je suis à l’Hôtel Ganalé, rue Amadou Assane Ndoye. Je serais heureux d’y être rapidement.
– C’est comme si c’était fait, Monsieur l’Inspecteur !
Le Directeur ordonne alors à l’une de ses agentes d’accompagner Ergé Dupons à son hôtel du centre-ville de Dakar. Une femme habillée en civil entre dans la pièce :
– Tout est prêt, Monsieur le Directeur.
Léopold Diagne s’adresse à Dupons :
– Très bien. Monsieur Dupons, voici l’agente Tine, elle vous y conduira. Bon séjour !
– Merci, Monsieur le Directeur !
Il est quinze heures. Dupons accompagne l'agente de police jusqu’à la voiture de service. Tous deux quittent l’aéroport.
Il n’a pas plu depuis des mois et un tapis sablonneux recouvre la terre. Le soleil, radieux, darde ses rayons sur les prismes de milliers de grains de sable tandis que l’air, enfiévré, trouble la vue. Le paysage, tout en nuances de gris et de lumière, défile le long de la route qui les mène à la capitale. La rare verdure qui surgit çà et là inspire à Ergé Dupons l’image d’un aquarelliste marchant vers sa toile et laissant goutter distraitement sa peinture au sol, en petites taches vivifiantes. Ils approchent de Dakar. L’air est difficilement respirable, un fin voile de poussière enveloppe la ville et lui donne des allures de mirage. Le Suzuki bleu le conduisant à son hôtel se trouve coincé au centre-ville dans un embouteillage, habituel à cette heure de l’après-midi. Fatigué, en sueur et pressé de se retrouver dans un lieu frais et calme, il informe la conductrice de ses intentions :
– Agente Tine, je descends ici. Je marcherai jusqu’à l’hôtel. Je vous remercie, vous pourrez rentrer dès que vous aurez réussi à vous échapper de cette pagaille ! Bonne chance ! Faites mes salutations à votre chef, Diagne.
– Bien Monsieur.
[1] Que la paix soit sur toi (salutation arabe).